Brusini, "Copie conforme"

Impression mitigée après la conférence d’Hervé Brusini organisée par le club de la presse Drôme-Ardèche. L’homme ne manque pas d’humour – pas toujours compris par une certaine partie du public. D’ailleurs, en ces temps où le populisme se développe, il conviendrait de se pencher  non plus sur la méfiance qu’un certain public éprouve face aux journalistes mais à une certaine haine, en tout cas à une violence latente à leur égard. Il fait preuve d’un regard critique mais il est parfois empêtré dans ses contradictions.

Et si une bonne fois pour toutes, on convenait que l’information c’est la mise en forme, en discours, des événements et donc un point de vue sur le monde tout simplement. Le simple agencement de sons et d’images est une manipulation (au sens technique du mot et pas selon la théorie du complot) et la comparaison de l’utilisation de mêmes images sur des chaînes différentes montre bien l’existence de points de vue différents, dont il faut profiter, tout le monde n’ayant pas la chance de vivre dans une société pluraliste. Parce que si les médias disent tous la même chose, il en existe qui jouent un autre rôle, comme La Croix qui n’a pas titré sur le non-événement du retour de DFSK.

Brusini défend le service public et montre comment la copie conforme (1) menace la démocratie. Il s’oppose à l’idée que l’émotion domine au JT, à partir de l’étude de médias à partir d’un corpus de la journée du 3 octobre de dix ans en dix ans depuis 1957. Le développement de l’infographie à la télévision  montre bien à mon avis la difficulté que le JT a pour expliquer : l’image est inadaptée et la brièveté est rédhibitoire.  

Il prône, comme Edwy Plenel, la nécessité  de revenir aux fondamentaux du journalisme : l'enquête, le reportage, le récit des faits au lieu de l’examen, où l’événement est reconfiguré.

(1) Titre de son livre à lire :  Éditions du Seuil, collection Médiathèque, 130 p., 14 €.