Du 3 au 28 mai les programmes de première sont publiés sur le site Eduscol et soumis à l'avis des enseignants.
L’éducation aux médias a droit à un paragraphe :
Durant toute leur scolarité au lycée, les élèves font un usage régulier d’outils et de supports
numériques pour chercher, organiser et produire de l’information ou pour communiquer dans le cadrede leur travail scolaire. Par ailleurs, ils sont encouragés à pratiquer des activités utilisant différents médias (radio, presse écrite, audio-visuel principalement). Cet usage courant ne signifie pas pour autant qu’ils en comprennent les logiques fondamentales ni qu’ils aient une conscience claire des enjeux et des incidences de ces technologies sur leurs modes de penser et d’agir.
Il est donc nécessaire de leur faire acquérir une distance et une réflexion critique suffisantes pour que se mette en place une pratique éclairée des ces différents supports, en leur montrant ce qu’ils impliquent du point de vue de l’accès aux connaissances, de la réception des textes et des discours, de l’utilisation et de l’invention des langages, comme du point de vue des comportements et des modes de relations sociales qu’ils engendrent.
Le professeur de lettres a un rôle majeur à jouer pour faire acquérir cette compétence aux élèves. Son objectif est de développer leur autonomie afin de les aider à se servir librement et de manière responsable des médias modernes, comme supports de pratiques citoyennes mais aussi créatives.
En français, l’accent sera mis, sur les questions d’énonciation (comprendre les procédures à l’oeuvre dans différents types de textes, de discours et de dispositifs médiatiques, en lien avec leurs conditions de production et de diffusion) et d’interprétation (comprendre comment se construit et se valide une interprétation).
Pour faire acquérir par les élèves cette compétence en matière de culture de l’information et des médias, une collaboration du professeur de lettres avec le professeur documentaliste est vivement recommandée.
Un extrait d'une intéressante interview d'Isabelle Bréda, co-organisatrice des rencontres de l'Orme :
"Les « digital natives » ont des compétences quasi innées avec les outils numériques… Que leur manquent-ils pour appréhender correctement les informations sur Internet ?
Les « digital natives » n’ont pas les compétences qu’on croit et qu’ils disent. Une étude européenne l’avait montré il y a trois ans. S’ils ont les compétences procédurales ou techniques requises, il leur manque des compétences liées aux réseaux de communication. Il faut apprendre à gérer son identité numérique par exemple : avec un blog ou sur Facebook, ils communiquent à propos de leur sphère privée sur un espace grand public. Ils finissent par le savoir s’il leur arrive des problèmes. Les compétences documentaires, comme savoir chercher l’information, la qualifier, l’archiver, leur font aussi défaut. Il leur faut aussi savoir produire l’information, la diffuser, travailler en collaboration. En outre, ces nouvelles technologies sont des dispositifs médiatiques et les jeunes n’en ont pas conscience. C’est pourquoi il faut les aider à acquérir un sens critique par rapport aux informations qu’on y trouve. Un texte européen intitulé " La compétence médiatique" ainsi très bien ce qu’un citoyen doit savoir à l’ère du numérique. Les jeunes se retrouvent exclusivement dans des situations d’usages et la capacité à concevoir l’objet technologique est absente des apprentissages. "
A mettre en rapport avec le dossier de Stratégies
nouveauté juillet 2010 : une enquête de BVA
Un enseignant se suicide dans une salle des professeurs. Bien sûr, l'institution dit tout de suite que cela n'a aucun rapport avec son travail... et c'est peut-être vrai. Mais pourquoi choisir la salle des professeurs pour se suicider ?
Le même jour Pierre Frackowiac publie une chronique dans Café pédagogique sur le stress des enseignants : ""La conscience professionnelle des enseignants est toujours réelle, incontestable. Mais « ils n’y croient plus ». Ils ne voient pas l’avenir." Pierre Frackowiak observe dans l'enseignement la montée d'un stress dont il analyse les causes, en dénonçant la responsabilité particulièrement lourde de l'institution dans la dégradation du climat : à quelles conditions le corps enseignant pourra-t-il être guéri de sa démoralisation ?"
Et vu la manière dont l'EN ne tient pas compte de l'investissement des professeurs et ne se préoccupe pas de ceux qui sont usés par le métier en ne favorisant pas vraiment leur seconde carrière, d'autres faits divers sont à prévoir...
Lien proposé par Café pédagogique
Médias est heureuse de découvrir le nouveau programme de "Littérature et société" et particulièrement les domaines suivants, pour lesquels elle est particulièrement compétente !
Bulletin officiel spécial n° 4 du 29 avril 2010
"3. Images et langages : donner à voir, se faire entendre
Problématiques
L’image, élément de la culture des élèves, joue un rôle essentiel dans nos sociétés. Comment les
différents modes d’expression et de communication que sont le texte et l’image, fixe ou animée, se
combinent-ils, s’enrichissent-ils mutuellement ? En quoi les langages qu’ils constituent et les effets
qu’ils produisent sont-ils à la fois différents et néanmoins très intimement liés l’un à l’autre ?
En prenant appui sur des textes et des documents variés, le professeur aborde avec les élèves divers
aspects du langage visuel. Comment le comprendre, en contexte, que ce soit dans une perspective
de création artistique, de divertissement, de glorification ou de stigmatisation, d’information ou de
désinformation, d’incitations diverses ? De quels plaisirs et de quels dangers est-il porteur ?
Compétences visées
Au-delà d’un apprentissage de la lecture de l’image, travail déjà engagé au collège et qui peut être
approfondi, le professeur vise à développer une réflexion nuancée sur la place et l’usage des images
dans nos sociétés, hier comme aujourd’hui. Il fait aussi travailler ses élèves sur la relation, dans son
contexte historique ou géographique, entre un fait et l’image qui en est donnée, en matière de
cartographie par exemple. Il attire leur attention sur la distinction entre différents statuts de l’image,
selon quelle relève du réel ou de la fiction, du document ou de l’oeuvre d’art, du domaine public ou du
domaine privé.
En donnant à réfléchir sur les relations entre texte et image, sur la façon dont les images font sens,
nous touchent et nous émeuvent, sur leur relation au réel, et sur la manière dont elles peuvent
éventuellement être manipulées, on exerce chez les élèves la capacité à appliquer des méthodes de
lecture et de traitement d’un document iconographique, on cultive des compétences d’analyse des
codes et des procédés mis en oeuvre.
On enrichit également leur conscience et leur jugement esthétique par une mise en relation de la
littérature, du patrimoine historique et des arts visuels.
Cette réflexion est centrale dans plusieurs champs professionnels et de formation, de la
communication à l’information, des arts aux métiers de la culture et de l’audio-visuel.
Pistes de travail
La réflexion sur les langages impose une distance réflexive à l’égard des images. Elle peut s’exercer
sur les images elles-mêmes, fixes ou animées, et sur différents types de relations entre texte et
image : adaptation, traduction, interprétation ou interaction. On peut ainsi aborder différents arts
visuels, de la photographie au cinéma, de la gravure à la bande dessinée, aux arts graphiques et à la
création multimédia.
La compréhension des effets, voire des détournements ou manipulations à visée persuasive, de la
manière dont l’image a pu être mise au service de l’argumentation ou de la propagande, suppose que
l’analyse des moyens mis en oeuvre se double d’une mise en perspective historique qui donne leur
sens à ces effets.
L’étude des différences et des correspondances entre les langages dans le cadre d’une période
historique ou d’un courant esthétique et culturel, ou bien celle de la représentation cinématographique
d’une époque ou d’un événement peuvent permettre de croiser et d’enrichir l’une par l’autre des
perspectives disciplinaires différentes.
Points d’entrée possibles
Images du pouvoir, pouvoir des images : monnaies, médailles, statues, portraits en majesté…
L’illustration et son histoire : enluminures, gravures, photographies.
Publicité, bande dessinée, création multimédia : interactions de l’image et du texte.
La lettre et l’image : graphisme et typographie.
Slogans, tracts et affiches : mots et images de l’action collective.
Imprimer la légende : les images d’Épinal.
Représentations et opinions : colporteurs d’images, colporteurs d’histoires.
Le paysage, réalités et représentations.
OEuvres littéraires et adaptations cinématographiques.
Un courant esthétique (par exemple : le baroque, textes et images en mouvement).
Un événement historique vu par différents cinéastes (la Révolution française, la Libération…).
Le film au service du pouvoir : le cinéma de propagande.
Situations de travail possibles
Projection et analyse de films, de fiction ou d’actualité, de reportages ; interviews de cinéastes, de
journalistes de télévision (télés locales, reporters ; voir l’opération « Reporters sans frontières ») ;
étude critique de documents iconiques, de magazines ; rencontre et réalisations avec des illustrateurs,
des graphistes, des designers, des cartographes ; travaux sur la caricature, la photographie,
réalisation d’une affiche sur un thème au choix ; conception d’une image publicitaire ; visites
d’agences publicitaires ; réalisation d’une exposition ou d’un blog… autant d’occasions d’explorer et
de développer des compétences sur le langage de l’image.
4. Médias, information et communication : enjeux et perspectives
Problématiques
Dans une société marquée par l’abondance et le foisonnement de l’information, la capacité à
hiérarchiser les données, à s’assurer de leur source, de leur nature et de leur fiabilité constitue un
enjeu éducatif primordial. L’objectif est de faire réfléchir les élèves à la place et au rôle des médias
dans la société. On se donne pour but de leur faire appréhender de manière critique les messages
médiatiques sous des formes variées, notamment celles qui se développent aujourd’hui par le canal
des technologies numériques.
La prise en compte de la profondeur historique des problématiques de la presse et de l’information
permet de donner aux élèves une distance propice à la réflexion et de leur proposer les éléments
d’une véritable éducation à l’information.
Compétences visées
Il s’agit de donner aux élèves des outils et des méthodes leur permettant d’utiliser les moyens de
communication modernes, la presse et les nouveaux médias notamment, d’une manière raisonnée,
libre et autonome, comme supports de pratiques citoyennes, mais aussi créatives.
Ce domaine offre de nombreux champs d’application à l’apprentissage de la maîtrise de la langue et à
la réflexion sur ses usages, qui doit se poursuivre tout le long de la scolarité et qui constitue une des
compétences majeures attendues chez les littéraires.
Les compétences construites à l’occasion de cette étude (compétences de recherche, d’analyse, de
contextualisation, distanciation, autonomie, esprit critique) sont celles susceptibles de conduire aux
métiers de l’information et de la communication, dans la diversité de leurs applications et des supports
qu’ils utilisent.
Pistes de travail
Le sujet peut être abordé dans une perspective historique, en axant l’étude sur la figure du journaliste
par exemple, investi à partir du XIXe siècle d’un rôle social nouveau cumulant l’autorité du savoir et
l’art de la communication, jouant volontiers le rôle d’historien, de géographe ou de sociologue. Mais il
doit également prendre en compte les aspects socio-économiques de l’information (conditions de
production et de diffusion) tout comme il donne lieu à une réflexion sur la rhétorique mise en oeuvre
ainsi qu’à une analyse des contraintes et des effets de lecture produits par les supports eux-mêmes.
Points d’entrée possibles
Histoire et genres de la presse écrite du XIXe au XXIe siècle.
Les journalistes et le pouvoir.
Médias et culture de masse.
L’avènement des nouveaux médias (radio, télévision, puis internet).
Médias : formes et modes de participation.
Circulation de l’information et réseaux sociaux.
La presse écrite : un média en crise.
Communication et politique.
Le fait divers : information ou émotion ?
Médias et manipulation de l’opinion.
Le journal télévisé : quelle écriture de l’actualité ?
Dessin de presse et caricature.
Situations de travail possibles
Activités dans le cadre du CDI, conçues en collaboration étroite avec le professeur documentaliste ;
visite d’agences de presse régionale ; rencontres et réalisations avec des journalistes (presse, radio,
télévision) ; participation à des radios lycéennes, à des journaux lycéens ; concours d’écriture
journalistique ; réalisation de blogs, de sites internet ; participation à la semaine de la presse et des
médias… autant d’occasions de connaître les médias par la pratique et la fréquentation des acteurs.
La plupart des activités peuvent être menées en liaison avec les correspondants académiques du
CLEMI. On peut utiliser les archives des institutions et établissements publics conventionnés.
5. Paroles publiques : de l’agora aux forums sur la toile
Problématiques
L’objectif est de faire découvrir aux élèves différentes formes de la parole publique, dans sa
profondeur historique et la diversité de ses manifestations, de leur en faire apprécier les pouvoirs et
comprendre les codes et les effets.
Les échanges de paroles sont des liens essentiels pour créer une vie en société. La manière dont se
font ces échanges varie cependant selon les régimes politiques, selon le degré de liberté consenti à la
parole des sujets ou des citoyens, la censure conduisant souvent la société à concevoir divers
moyens de contourner l’interdit. Certains lieux matériels ou immatériels sont dévolus à ces échanges :
l’agora ou le forum pour l’Antiquité, les places des villes médiévales et modernes, les médias ou
internet pour l’époque contemporaine.
Compétences visées
Afin d’encourager la prise de parole et d’entraîner les élèves à s’exposer sans crainte à l’écoute
d’autrui, aux échanges et aux situations de négociation, on s’efforce de favoriser, par l’utilisation des
outils actuels de communication audio et vidéo, une attitude active de production raisonnée. Au-delà
des compétences de mise en perspective et d’analyse critique, on vise ainsi l’acquisition de véritables
compétences d’expression orale. Les unes et les autres sont nécessaires à la formation du citoyen et
préparent à l’exercice de nombreuses professions où, du commerce au droit ou à la gestion des
ressources humaines, s’exercent les formes de la conviction, de la persuasion, de la délibération et de
la négociation argumentée.
Pistes de travail
On veille à donner aux élèves des repères historiques en leur faisant lire et entendre des exemples
d’éloquence pour leur faire prendre conscience des évolutions et des constantes de la parole
publique. Des grands discours politiques ou judiciaires aux mises en spectacle de la parole (théâtre,
joutes oratoires, poésie parlée, lectures publiques), des prestations d’animateurs aux performances
d’artistes et aux manifestations participatives, on a soin d’ouvrir largement l’éventail des formes
étudiées. Le rôle de la parole dans la vie publique et politique, la manière dont les formes
d’intervention sont liées aux grandes évolutions de la société, la responsabilité qu’engage tout citoyen
qui rend publique une opinion, peuvent faire l’objet, à partir d’exemples concrets, d’interrogations qui
associent l’histoire et les Lettres.
Points d’entrée possibles
De l’art de la conversation à l’interview télévisée.
Parole publique et démocratie dans la cité.
Le discours politique : décryptages.
Les moyens d’expression du citoyen hier et aujourd’hui.
Grands discours à travers l'histoire.
Nouveaux modes de participation et espaces d’échanges : forums, blogs, débats participatifs, tchats.
La liberté d’expression : un droit, des devoirs.
La censure.
Le débat télévisé : décryptages.
Mises en voix, mises en scène.
Situations de travail possibles
Pratique de divers exercices oraux et oratoires : lectures, déclamations, joutes, théâtralisations
diverses, débats ; exploitation des archives de l’INA, recours au site de l’Assemblée nationale, du
Sénat, aux enregistrements de discours de divers genres et dans des contextes divers (discours
d’hommage, grands discours politiques, échanges parlementaires) ; captation par les élèves de
propos publics et étude de l’oral spontané et des échanges recueillis, pratique de l’interview ;
improvisations diverses ; travail sur les logiques de conversation, sur la grammaire de l’oral, à partir
d’enregistrements ; décryptage du travail d’un animateur dans une émission de radio ou de télévision ;
rencontres avec des journalistes de radio… : voilà quelques situations concrètes qui peuvent servir à
la pratique et à l’analyse de diverses formes de parole publique."
Médias continue à travailler sur le thème "image satirique et résistance" et vous renvoie au site de l'EIRIS (Equipe interdisciplinaire de recherche sur l'image satirique) avec qui elle collabore.
Nouveautés sur le site de l'Eiris :
Divina Frau-Meigs réagit au billet d’Andreas Kluth sur la non-crise des médias et propose des pistes pour l'éducation aux médias à l'école :
"Pour les jeunes et l’accès à l’éducation aux médias du numérique, un Brevet informatique et Internet (B2i) existe bien sur le papier, mais l’éducation doit jouer son rôle en mettant sur pied un programme plus ambitieux pour que les compétences électroniques et les répertoires d’actions y attenants soient bien maitrisés par les jeunes. Ces derniers font illusion avec le clavardage tant qu’il s’agit de social ou de relationnel mais dès qu’il s’agit de produire du contenu et de le maîtriser dans sa complexité, nous entrons dans un autre domaine de compétences. Je milite pour une éducation aux médias et à la culture informationnelle “à la française”, qui prenne en compte trois dimensions souvent présentées comme incompatibles et en concurrence dans les modèles en circulation actuellement : la dimension protectionniste (il existe des contenus et comportements à risque qu’il faut critiquer), la dimension patrimoniale (il existe des contenus historiques, culturels à recycler, diffuser, s’approprier) et la dimension participative (il existe des contenus à créer, mixer, mettre en commun,…).
Pour développer les compétences cognitives de décodage et de recodage des dispositifs de représentation et de médiation des médias, je parle souvent des 7 « C » ou Compétences de base de l’éducation aux médias : Compréhension, Critique, Créativité, Consommation, Citoyenneté, Communication inter-culturelle et Conflit. Ces 7 « C » réintroduisent de la valeur dans l’éducation tout comme dans les médias, ainsi que des valeurs, pour beaucoup d’entre elles héritées des Droits de l’homme. Elles peuvent servir de cadrage cognitif socialisé pour former les jeunes à la démocratie. Les 7 « C » peuvent modifier le comportement à l’égard des médias et des autres, en sensibilisant au respect, à la tolérance mutuelle, à la responsabilité, à la dignité, au bien commun. Elles recèlent le potentiel de tourner l’apathie citoyenne actuelle en activisme citoyen, à mesure que les jeunes deviennent des producteurs et des créateurs de contenus sur les réseaux numériques."
lire l'entretien
A découvrir ici au moment où "La Vache Qui Rit a décidé de moderniser son image en s'inspirant de personnages du cinéma d'animation (« Madagascar », « L'Age de glace »…) chers au public enfantin, créant ce qu'il est convenu d'appeler « un nouveau territoire de marque »". Le spot, signé Young & Rubicam, met en scène une usine de conte de fées où des personnages très tendance s'activent pour fabriquer le meilleur des fromages.